L’approche “ naïve ” de la logique des propositions permet d’acquérir rapidement et clairement les notions de base utiles, sinon nécessaires, pour toute la suite. Cependant l’étudiant intéressé par une exposition formelle et approfondie dispose d’excellents ouvrages dont certains figurent dans la bibliographie ci-jointe.
Définitions et principes 1:
On désigne par expression tout assemblage de signes (lettres, symboles,
chiffres, mots, locution…) admettant une
signification dans une théorie fixée. Une proposition logique est une
expression nécessairement vraie ou fausse (principe du tiers
exclu et principe de non contradiction). On parlera donc de valeur de vérité
d’une proposition (logique) donnée. Dans le calcul propositionnel les
propositions sont considérées comme des variables pouvant prendre l’une des valeurs
de vérité VRAI ou FAUX.
Val(p) désigne la valeur de vérité de
la proposition p. On a Val(p)= VRAI ou Val(p)= FAUX.
Remarque 1:
Dans une théorie fixée, on appelle axiome toute proposition (primitive)
à laquelle on attribue de façon conventionnelle la valeur vrai. On
appelle théorème toute proposition dont on démontre quelle est vraie, en
respectant les règles admises ou établies dans cette théorie.
Notation 1:
Les propositions seront souvent notées par des
lettres minuscules p, q, r
… éventuellement indicées p1, p2, p3…
On désignera souvent par 1 la valeur de vérité VRAI et par 0 la valeur de vérité FAUX (ou encore V et F).
L’un des avantages du fait qu’une proposition ne
peut prendre qu’une valeur de vérité parmi deux est qu’en considérant un nombre
fini de propositions on peut dresser un état exhaustif des combinaisons possibles
des valeurs de vérité.
Ainsi pour deux propositions p et q on a 2×2 = 4 cas : (11 ou 10 ou 01 ou 00)
pour trois propositions p, q et r
on a 2×2×2 = 8
cas : (111 ou 110 ou 101 ou 100 ou 011 ou 010 ou 001 ou 000) et de façon
générale pour n propositions on 2n cas.
Cet énorme avantage va nous permettre de construire un “ calcul ” sur
les propositions en introduisant des opérateurs (connecteurs logiques) et en
associant aux résultats des vecteurs de vérité.
p |
|
1 |
0 |
0 |
1 |
I-2-1 La négation :
La négation d’une proposition p
est la proposition, notée p, qui est vraie quand p est fausse et fausse quand p est vraie. Ainsi on a une opération
unaire qui à chaque proposition p
associe sa négation
p. L’opérateur (connecteur logique)
unaire est symbolisé par
, il représente le NON et se définit
par la table de vérité :
On note aussi : ¬p, et p’
Remarque 2: Val((
p)=Val(p)
p |
q |
p |
1 |
1 |
1 |
1 |
0 |
0 |
0 |
1 |
0 |
0 |
0 |
0 |
I-2-2 La conjonction :
La conjonction
de deux propositions p et q est la proposition, notée pq, qui est vraie dans le seul cas
où p
et q sont vraies toutes les deux.
Ainsi on a une opération binaire qui à deux propositions p et q
associe leur conjonction, notée p
q. L’opérateur (connecteur logique)
binaire est symbolisé par
, il représente le ET et se définit par
la table de vérité :
On note aussi : p&q, p.q, p×q et pq
p |
q |
p |
1 |
1 |
1 |
1 |
0 |
1 |
0 |
1 |
1 |
0 |
0 |
0 |
I-2-3 La disjonction (inclusive) :
La disjonction
(inclusive) de deux propositions p
et q est la proposition, notée pq, qui est fausse dans le seul cas
où p
et q sont fausses toutes les deux.
Ainsi on a une opération binaire qui à deux propositions p et q
associe leur disjonction, notée
pq. L’opérateur (connecteur logique)
binaire est symbolisé par
, il représente le OU et se définit par
la table de vérité :
On note aussi : p+q
p |
q |
p→q |
1 |
1 |
1 |
1 |
0 |
0 |
0 |
1 |
1 |
0 |
0 |
1 |
I-2-4 Le conditionnel :
Le conditionnel
de deux propositions p et q est la proposition, notée p→q,
qui est fausse dans le seul cas où p est vraie et q est fausse. Ainsi on a une opération binaire qui à deux
propositions p et q associe leur conditionnel, notée p→q.
L’opérateur (connecteur logique) binaire est symbolisé par → , il
représente le SI … ALORS et se définit par la table de
vérité :
p |
q |
p↔q |
1 |
1 |
1 |
1 |
0 |
0 |
0 |
1 |
0 |
0 |
0 |
1 |
I-2-5 Le biconditionnel :
Le biconditionnel
de deux propositions p et q est la proposition, notée p↔q,
qui est fausse dans les deux cas où p et q
n’ont pas la même valeur de vérité. Ainsi on a une opération binaire
qui à deux propositions p et q associe leur biconditionnel, notée p↔q.
L’opérateur (connecteur logique) binaire est symbolisé par ↔ , il
représente le SI ET SEULEMENT SI
et se définit par la table de vérité :
Les connecteurs (ceux définis plus haut et d’autres à venir) peuvent se
combiner entre eux et engendrer ainsi des propositions “ complexes ”
constituées par un certain nombre de propositions que l’on qualifie d’atomiques.
Nous utiliserons le parenthésage de la façon habituelle pour établir les
hiérarchies calculatoires entre différents connecteurs. Les expressions
obtenues sont appelées propositions composées ou expressions bien
formées (e.b.f). Elles sont souvent notées par des lettres majuscules P, Q,
R … éventuellement indicées P1, P2, P3,… On peut aussi écrire P(p1, p2, p3,… , pn ) pour expliciter les propositions (atomiques) p1, p2, p3,… , pn constituant la proposition (composée) P.
Définition 2 : Deux propositions (composées) sont égales si et seulement si elles ont le même vecteur de vérité. On note P ≡ Q. (quelque soit les valeurs de vérités attribuées aux propositions (atomiques) qui les composent).
Définition 3 : Une proposition dont le vecteur de vérité ne contient que des “ 1 ” (respectivement que des “ 0 ”) est une tautologie (resp une contradiction). On note T la tautologie et C la contradiction.
Propriétés 1 :
Commutativité :
pq ≡ q
p p
q ≡ q
p p↔q ≡ q↔p
Associativité :
(pq)
r ≡ p
(q
r) (p
q)
r ≡ p
(q
r) (p↔q) ↔r ≡ p↔(q↔r)
Distributivité :
(pq)
r ≡ (p
r)
(q
r) (p
q)
r ≡ (p
r)
(q
r)
Idempotence :
pp ≡ p p
p ≡ p
Identité :
pT ≡ p p
C ≡ C p
T ≡ T p
C ≡ p
Théorème de Morgan :
(p
q)
≡ (
p)
(
q)
(p
q)
≡ (
p)
(
q)
Quelques égalités usuelles :
p→q ≡ (p)
q p↔q ≡ (p→q)
( q→p)
Théorème 1 : (principe de substitution)
Si une proposition (composée) P(p1, p2, p3,… , pn ) est une tautologie alors en substituant les
propositions q1, q2, q3… qn aux propositions p1, p2, p3,… , pn la proposition
P*(q1, q2, q3,… , qn) est aussi une tautologie.
I-4-1 Implication logique :
Définition 4 : On dit qu’une proposition (composée) P implique logiquement une proposition (composée) Q si P→Q
est une tautologie. On note PQ.
La réciproque de PQ est Q
P
La contraposée de PQ est
Q
P
I-4-1 Equivalence logique :
Définition 5 : On dit que deux propositions (composées) P et Q sont logiquement équivalentes si P↔Q est une tautologie. On note PQ.
Définition 6 : On appelle argument (logique) la donnée d’une e.b.f de la forme
P→Q où
P est la conjonction d’un nombre
finie de propositions p1, p2, p3,… , pn appelées prémisses
et où Q est une proposition
(composée) appelée conclusion.
Si P→Q
est une tautologie on dit que l’argument est valable, sinon on dit que
l’argument est non valable.
On note p1, p2, p3,… , pn Q
un tel argument.
Remarque 1 : Sachant qu’un argument est valable si PQ
il suffit alors pour qu’il le soit que la proposition Q soit vraie dans tous les cas où toutes les prémisses le sont.
Quelques arguments classiques valables :
p, p→q
q Modus ponens (loi de
détachement)
p→q, q→r
p→r Loi des syllogismes
p→p
p Loi de Clavius (consequentia
mirabilis)
p
q→p Vernum
sequitur ad quoldibet
p→q,
q
p Modus tollens
(p→q)→p
p Loi
de Peirce
(p
q)
p
q Modus ponendo tollens